X – Téléconférence et streaming
Les différents services que nous avons présentés jusqu'à maintenant existent depuis plusieurs années, voire dizaines d'années. Ils ont été conçus alors que les systèmes composant l'Internet, ainsi que les réseaux dont ils faisaient partie, avaient d'importantes limitations technologiques en terme de vitesse ou débit. Il y a cinq ans, il était difficile de pouvoir échanger des vidéos ou des dialogues vocaux, via l'Internet, sauf lors de quelques expérimentations effectuées par certaines chercheurs spécialisés. Aujourd'hui, on parle de commercialiser des téléphones capables d'établir des communications vers d'autres continents, au prix d'une simple communication locale, via l'Internet. Si les technologies de base employées par ce genre d'applications vocales existent depuis longtemps, les réseaux et ordinateurs d'aujourd'hui permettent à tout un chacun de dialoguer en direct avec son cousin du pays de l'oncle Sam, en voyant son visage s'animer, sans pour autant débourser 3 ou 4F par minute. Si le dialogue (ou le vidéophone) par Internet semble l'application la plus intéressante pour les particuliers, certaines entreprises utilisent d'ors et déjà des techniques similaires pour effectuer des conférences à distance ou téléconférences.
Contrairement aux chapitres précédents, où nous basions notre exposé sur des notions générales, valables pour de nombreux logiciels reconnaissant le même protocole, il n'existe pas réellement de standard dans le domaine de la téléconférence au sens large, si bien que nous allons articuler ce chapitre autour des principaux logiciels du marché, après avoir dit quelques mots sur le mode de fonctionnement de ceux-ci.
o Le protocole UDP
Jusqu'à maintenant, les différents services que nous avons présentés étaient tous basés sur le protocole TCP, dont nous avons parlé au chapitre III. En effet, les applications associées nécessitent une transmission garantie sans erreur, au risque de ralentir quelque peu les transferts. Il serait en effet inconcevable qu'un fichier téléchargé à partir d'un serveur FTP soit inexploitable à cause de la perte d'un paquet lors de la transmission de celui-ci. Dans le domaine de la diffusion de la voix ou de l'image, la perte d'un ou plusieurs paquets est beaucoup moins grave, par contre la vitesse de transfert doit être maximale de façon à obtenir une voix intelligible ou une vidéo à l'affichage relativement fluide. Pour ces applications, TCP n'est plus adapté. On utilise alors son cousin, appelé UDP (User Datagram Protocol). UDP est un protocole non fiable, c'est-à-dire qu'il ne garantit pas que tous les paquets envoyés seront reçus, dans l'ordre, et intègres. Vous l'aurez compris, UDP utilise les services d'IP, comme le fait TCP, et est employé dans tous les logiciels où l'on doit transmettre de la voix et/ou de la vidéo.
Une dernière remarque avant d'entrer dans le vif du sujet : ce n'est pas parce que les logiciels de téléconférence utilisent UDP qu'ils sont pour autant compatibles entre eux. En effet, HTTP (web) et SMTP (mail) sont tous les deux basés sur TCP mais les applications qui les utilisent sont totalement incompatibles !
o Netmeeting
Netmeeting est le nom du logiciel permettant de faire de la téléconférence, via Internet (ou tout autre réseau TCP/IP), et faisant partie de la suite logicielle de Microsoft. Netmeeting permet non seulement de dialoguer vocalement, mais également de transmettre des images issues d'une caméra vidéo, connectée à l'ordinateur utilisé. On a ainsi accès à un véritable vidéophone via Internet. Mais Netmeeting dispose également d'autres fonctionnalités toutes aussi intéressantes, à savoir :
Les deux dernières fonctionnalités sont de loin les plus intéressantes. La première correspond en réalité à un logiciel, proche de l'outil Paint livré en standard sous Windows, et permettant de créer des dessins bitmaps. La particularité de ce logiciel est que plusieurs personnes peuvent travailler simultanément sur le même "dessin". Lorsqu'une première personne trace, par exemple, une ligne à l'écran, cette ligne apparaît sur tous les écrans des autres personnes en conférence. La deuxième fonctionnalité est encore plus spectaculaire. Il s'agit de partager une ou plusieurs applications, de façon à ce qu'une personne distante puisse par exemple accéder au contenu de votre disque dur, comme si elle était présente devant votre ordinateur. Notez cependant que vous avez le choix entre permettre, à une personne distante, d'obtenir l'affichage d'une fenêtre appartenant à une application fonctionnant sur votre ordinateur, sans aucune possibilité d'interaction, ou alors vous pouvez donner l'autorisation à un utilisateur de Netmeeting de prendre réellement le contrôle d'un logiciel exécuté sur votre PC. Les applications de ce système peuvent être nombreuses : un technicien de hotline peut ainsi corriger un problème à distance, sans même se déplacer, tandis qu'un professeur pourra faire une démonstration d'un logiciel, sans que ses étudiants ne puissent intervenir sur le déroulement de la présentation…
Voyons maintenant à quoi ressemble la fenêtre principale du logiciel Netmeeting (Cf. figure ci-dessous).
Figure 1 : Netmeeting
En dehors des barres de menus et d'icônes, on aperçoit sur cet écran une liste de personnes connectées à un serveur spécialisé, nommé Serveur ILS, en l'occurrence ici : ils.family.four11.com. Pour chaque personne connectée, on dispose de :
Le logiciel utilise de plus des icônes ayant une certaine signification. Tout d'abord, on remarque, en tête de ligne, une icône symbolisant un ordinateur. Si cette icône est de couleur grise, cela signifie que la personne considérée n'est pas en conférence au moment où le listing a été récupéré sur le serveur ILS. Sinon, si l'écran de l'ordinateur symbolisé par l'icône est de couleur bleue, et qu'il y a de plus une petite étoile rouge, cela signifie que la personne est en conférence avec au moins une personne. Un peu plus loin, on distingue des icônes en forme de haut-parleur et de caméra. Celles-ci permettent de préciser les possibilités de dialogue des personnes correspondantes : un haut-parleur indique qu'un dialogue vocal est possible, une caméra signifie que l'utilisateur dispose d'une caméra vidéo. Si aucune des deux icônes n'apparaît, cela veut dire que seul un dialogue en mode texte n'est envisageable (c'est le cas de Derek dans la figure ci-dessus).
Notez enfin que pour appeler un correspondant, il suffit de double cliquer sur son nom.
o Netscape Conference
Netscape Conference est à Communicator ce que Netmeeting est à Internet Explorer : un logiciel permettant d'effectuer un dialogue vocal entre deux personnes connectées simultanément à Internet ou à un réseau local de type TCP/IP (Cf. figure ci-dessous).
Figure 2 : Netscape Conference
Conference ne fonctionne cependant pas exactement de la même façon que son concurrent : il semble avoir été davantage conçu comme un logiciel de téléphonie via Internet que comme un système de conférence permettant de converser avec des personnes a priori inconnues. En effet, pour établir une conversation entre deux utilisateurs du logiciel, il faut soit s'assurer que ceux-ci sont connectés simultanément, soit consulter, à l'aide d'un navigateur web, une liste des personnes susceptibles de répondre à vos appels. Cette liste n'est donc pas accessible directement via l'interface de Conference, ce qui rend son utilisation beaucoup moins conviviale. Cependant, il est tout à fait possible de dialoguer en mode texte, de partager une zone de dessin ou diffuser des fichiers entre deux utilisateurs du logiciel, comme sous Netmeeting. Enfin, Conference permet de faire de la "navigation en collaboration" où un premier intervenant prend le contrôle du navigateur du deuxième, afin de lui montrer un serveur particulier par exemple.
o ICQ
ICQ (à prononcer en anglais "I seek you", c'est-à-dire "Je te cherche"), inventé par la société israélienne Mirabilis, n'est pas à proprement parler un logiciel de téléconférence. Il s'agit plutôt d'un programme permettant de faciliter les contacts entre des groupes de personnes se connaissant.
Le fonctionnement du logiciel est le suivant. Après l'avoir installé sur votre ordinateur, il faut s'inscrire (gratuitement) auprès de Mirabilis afin d'obtenir un UIN (Universal Internet Number), numéro d'identification unique attribué à chaque utilisateur d'ICQ. Lors de l'inscription, on indique au minimum son adresse E-Mail, et éventuellement ses nom, prénom, pseudonyme, ville, pays, numéro de téléphone, âge, profession etc. Ensuite, le logiciel va se connecter au serveur Mirabilis. Il est alors possible d'ajouter un certain nombre de personnes à sa liste de contacts personnelle. Cette liste contient l'ensemble des utilisateurs d'ICQ que l'on connaît. Le but du système est le suivant : à chaque fois qu'une personne disposant d'ICQ se connecte à Internet, elle sera marquée comme étant en ligne (Online) dans les listes de contact de ceux qui l'auront insérée. Il est alors possible d'envoyer de courts messages ou de dialoguer via un système similaire à l'IRC. Voir figure ci-dessous.
Figure 3 : ICQ
Dans l'exemple ci-dessus, nous avons ajouté quatre personnes dans notre liste de contacts. Parmi elles, seule "Elvis" est en ligne (Online). Il serait donc possible de dialoguer directement avec la personne correspondante. Notez également que nous sommes marqués Online (comme indiqué à coté de la petite fleur située en bas de la fenêtre) donc toutes les personnes nous ayant ajouté sur leur liste de contact sont tenues au courant de notre présence à l'instant considéré ici. Précisons à ce propos qu'il n'est pas obligatoire de se trouver dans cet état dès notre connexion à l'Internet. Il est en effet possible de demander au logiciel de nous placer dans un autre mode, comme par exemple "Ne pas déranger", "Invisible" (vous savez si quelqu'un de votre liste est en ligne mais celui-ci n'est pas informé de votre présence), "Occupé", etc. Suivant le mode choisi, vous n'êtes pas dérangé par l'envoi de messages ou bien seuls les messages urgents vous sont signalés, etc.
Si nous avons tenu à présenter ICQ dans ce chapitre c'est que ce logiciel s'interface de manière très intelligente avec tous les logiciels de téléconférences installés sur le système où il est exécuté. En effet, on peut lancer ces logiciels d'un simple clic de souris afin de tenter d'établir un dialogue vocal avec une personne de votre liste de contacts se trouvant connectée. Bien sûr, on peut tout à fait utiliser ICQ sans aucun logiciel de téléconférence.
o Streaming : Real Audio/Video
Le streaming est un système permettant de diffuser des documents audio ou vidéo en temps réel. Les logiciels de téléconférence que nous avons présentés ici utilisent des techniques similaires (protocole UDP notamment), mais ne sont pas adaptés à la diffusion d'émissions radio ou vidéo. Il existe à cet effet des programmes spécialisés, tels que RealPlayer ou VDOLive Player, qui permettent de recevoir soit du son en temps réel, comme par exemple une émission de radio ou un extrait de CD, soit des images et du son, par exemple, un clip, la bande annonce d'un film ou même une véritable émission de télévision.
L'avantage de ce type de logiciel c'est qu'il permet de diffuser des documents audio ou vidéo sans que l'utilisateur ne soit obligé de récupérer le fichier en entier avant de pouvoir commencer à le jouer ou le visionner : au bout de quelques secondes, nécessaires à la préparation de la transmission, le document est diffusé en continu, en théorie sans interruption. Malheureusement, il est fréquent qu'il y ait des coupures dans la transmission, en particulier en cas de charge importante du réseau.
L'autre atout non négligeable pour le diffuseur est que le logiciel ne permet pas, a priori, de capturer le document multimédia afin de le stocker sur disque ou le graver sur un CDROM, sans qu'il ne soit alors nécessaire de se reconnecter au serveur pour le visionner à nouveau.
La figure ci-dessous est un exemple de document vidéo disponible sur Internet : il s'agit en l'occurrence d'un extrait du journal télévisé de France 3, le "19/20".
Figure 4 : RealPlayer
Ici, le document est proposé en différé (sa durée est indiquée en bas à droite de l'écran, soit 4 minutes 27 secondes) mais il est également possible de visualiser des images en direct (live). Nous n'en dirons pas plus sur les applications audio/vidéo du net.
Achevons notre découverte de l'Internet en présentant quelques services intéressants mais de moins en moins utilisés par les internautes d'aujourd'hui.